La maison Actualité Véronique Vilque Koivogui : « Il y a très peu de femmes enseignantes à l’université de Kankan »

Véronique Vilque Koivogui : « Il y a très peu de femmes enseignantes à l’université de Kankan »

par etudiantafricain
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Dans le cadre du mois de la femme, Guineematin.com est allé à la rencontre Madame Véronique Vilque Koivogui, doctorante et enseignante au département de sociologie à l’université Julius Nyerere de Kankan.

Elle s’exprime sur son parcours académique, le mois de la femme, son équilibre entre travail et vie de famille, son ambition professionnelle et la sous-représentation des femmes dans l’enseignement universitaire. Selon Mme Koivogui, le mois de mars est un moment de réflexion et de reconnaissance des luttes menées par les femmes pour leurs droits.

Dans la matinée d’hier, mardi 18 mars 2025, Mme Véronique Vilque Koivogui nous reçoit dans la salle des professeurs au bloc administratif de l’Université Julius Nyerere de Kankan, assise derrière son ordinateur, elle prépare sa thèse de Doctorat. A la question de savoir ce qu’elle pense du mois de mars, un mois dédié aux droit de la femme, elle soutient que c’est à travers une lutte que cela a été acquis.

« Le mois de mars dédié aux droits de la femme est un événement historique, parce que ça ne date pas d’aujourd’hui et on a des devancières qui ont mené des luttes pour l’obtention de ce mois. Dans certains mois, nous devons faire une rétrospective par rapport à nos devancières qui ont lutté corps et âme pour la défense de nos droits et voir dans quelle perspective nous pouvons nous situer pour le relèvement de ce défi », dit-elle.

Véronique Vilque Koivogui a un parcours inspirant à l’Université Julius Nyerere de Kankan qui il y a 15 ans en 2009. En 2010, elle soutient son mémoire de maîtrise. En 2012, elle est retenue comme homologue au département de sociologie, mais toutefois, elle attend jusqu’en 2019 pour valider son master 2, et aujourd’hui, elle est doctorante à l’Institut supérieur des mines de Boké.

« J’ai fini l’université, il y a de cela 15 ans, depuis 2009. En 2010, j’ai soutenu mon mémoire de maîtrise sur les incidences des ONG sur la santé et l’éducation des enfants dans la commune de Mandiana. En 2012, j’ai été retenue à l’université de Kankan en tant qu’homologuée au département de Sociologie. En 2019, j’ai validé un master 2 sur le marché informel des médicaments et ses enjeux sur la population dans la commune urbaine de Siguiri. Aujourd’hui, je suis inscrite en Doctorat Géoscience et développement durable à l’Institut supérieur des Mines de Boké, en deuxième année de thèse. Actuellement, je suis sur les enquêtes de terrain pour la rédaction de mon mémoire de Doctorat », a-t-elle fait savoir.

Elle souligne le faible nombre de femmes enseignantes à l’université de Kankan et les raisons historiques de cette situation.

« Il y a très peu de femmes enseignantes à l’université de Kankan. Je me disais qu’avant, les femmes n’aimaient pas l’enseignement. Quand on finit les études, on n’a pas vocation à devenir enseignant, parce qu’on nous a fait croire que l’enseignement c’était de l’enfer. Alors, finir les études et venir encore enseigner, c’était s’ancrer dans la pauvreté. Donc, les femmes préféraient aller ailleurs plutôt que de venir enseigner. Mais aujourd’hui, avec cet engagement, nous avons eu la chance, par exemple, dans notre département, d’avoir 4 dames qui ont été engagées au compte de l’enseignement supérieur », a-t-elle fait savoir.

Mère de cinq filles, Mme Koivogui concilie avec brio ses responsabilités familiales et professionnelles grâce à une organisation rigoureuse. D’ailleurs, selon elle, quand on est femme du foyer, on ne peut pas donner tout le privilège à sa vie professionnelle.

« Je me dis que c’est une question de détermination et de planification. Alors, je suis mère de famille. Au-delà de ma vie professionnelle, je suis mère de 5 filles. Chaque fois que Dieu fait, je me réveille à 5h du matin, je fais la cuisine pour mes enfants avant d’être à l’université. Même aujourd’hui, je me suis réveillée à 5h pour me préparer parce que les enfants devaient aller à l’école. Au retour, elles ont besoin de manger. Dès 8h, je prends mon sac et je viens à l’université. Quand on est femme au foyer, on ne peut pas donner tout le privilège à sa vie professionnelle. Il faut se planifier pour concilier les deux, bien que ce n’est pas facile. Mais, lorsqu’on est déterminé, je pense qu’on y arrivera », dit-elle.

Dans cinq ans, Véronique Vilque Koivogui espère atteindre un poste de responsabilité pour influencer positivement l’enseignement supérieur en Guinée.

« Dans les 5 prochaines années, cela trouvera que j’ai fini ma thèse, je serai appelée Docteur. Donc, je veux toujours poursuivre ma carrière dans l’enseignement supérieur. Alors, je voudrais, dans les cinq prochaines années, être vue comme la ministre de l’Enseignement supérieur. C’est cela ma vocation. Tout mon combat, c’est comment finir ma thèse de Doctorat et avoir un poste de responsabilité pour partager cette expérience que j’ai acquise avec mes collègues », a-t-elle fait savoir.

Enfin, elle adresse un message d’encouragement aux jeunes filles, insistant sur l’importance de l’éducation et de l’indépendance.

« Je dirai aux filles d’étudier. Il faut étudier, c’est le travail qui paye. Alors, si les parents ont eu ce courage de les scolariser, il faut que les filles acceptent d’apprendre. C’est ce que je dis souvent à mes étudiantes : si vous n’apprenez pas, on vit aux dépens de celui qui apprend. Par exemple, ce que certaines filles disent : moi, j’ai été harcelée par tel professeur, il m’a donné telle note parce que je ne l’ai pas accepté. C’est parce que tu n’as pas étudié. Lorsque tu apprends tes leçons, aucun professeur ne te dira : il faut sortir avec moi. Il faut que les filles prennent courage. Celles qui ont eu la chance d’aller à l’école doivent redoubler d’efforts, parce que le garçon et la fille, il n’y a pas de différence en matière d’intelligence. Tout ce que le garçon peut apprendre, la fille peut l’apprendre. Moi, mon papa me l’a toujours dit : le premier mari de la femme, c’est son travail », a-t-elle dit.

Abdoulaye N’koya SYLLA/Guineematin

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